Toujours pareils ? Jamais les mêmes ? Les adolescents sont pétris de contradictions, jusque dans leur rapport à l’alimentation. Ils veulent entrer dans la norme mais aussi s’en émanciper, s’intégrer socialement – le repas y participe – tout en revendiquant leur individualité. La recherche AlimAdos est allée voir les pratiques sur le terrain, en se débarrassant du regard «adulto-centrique» trop fréquent. Le constat? Les ados ont une approche de l’alimentation moins pathologique qu’on ne le croit, un répertoire gustatif et culinaire moins limité qu’il n’en a l’air… Si le nutritionnellement correct n’a pas forcément gain de cause, il est dans – presque – toutes les consciences. Certes, le rejet des traditions, la malbouffe, l’obésité et l’uniformisation des comportements sont des facteurs de risques, mais les jeunes ne sont pas si passifs et ils revendiquent leur «droit au plaisir alimentaire»… selon leurs propres critères : sensoriels (odeurs, textures) et esthétiques («le brocoli, ce n’est pas très appétissant, parfois j’ai même la chair de poule quand je le regarde»). Les légumes verts, les produits laitiers et les viandes ont tendance à cristalliser les goûts et les dégoûts. A l’âge de la transition, des excès et des frustrations alimentaires, il s’agit avant tout de transgresser les règles pour se les réapproprier, même au restaurant scolaire, «un univers d’effervescence où tout est significatif».
La culture adolescente, métissée et changeante, doit être considérée dans sa globalité. Tout est une question de style, même pour la nourriture ! En rupture avec la période de l’enfance, mais à la recherche parfois d’aliments «doudou», les adolescents ont leur territoire et leurs codes, ils sont les «agents de transformations familiales et les acteurs d’une tradition constamment réinventée». Car transmettre, ce n’est pas reproduire.