Comment le Geco Food Service a-t-il réagi face à la crise sanitaire actuelle ?
Dès le début, le Geco s’est engagé aux côtés des professionnels de manière dynamique afin de participer à la reprise. Début avril, nous avons initié un travail avec une douzaine de partenaires de la filière amont et des fédérations professionnelles. Avec eux, nous avons mis en place des groupes de travail afin de militer pour la réouverture et la préparer. Nous avons également alerté les pouvoirs publics en affirmant que la restauration commerciale n’était pas une option mais un maillon stratégique, au même titre que le transport. Une réflexion a par ailleurs été menée pour redonner confiance aux convives et deux foires aux questions ont été créées pour répondre à toutes les questions que pouvaient se poser les professionnels : comment récupérer la marchandise de manière sécurisée, former les équipes, accueillir les convives en leur offrant une expérience plaisante, dans le respect des règles sanitaires, etc.
Quelle est votre position suite aux annonces faites par le Premier ministre Edouard Philippe le 28 mai dernier ?
Nous nous réjouissons de la réouverture de la restauration, même si elle n’est que partielle en zone orange. La machine se remet progressivement en route mais, pour qu’elle fonctionne et que le redémarrage soit pérenne, tous les maillons de la chaîne devront être solides et solidaires. Cela inclut, bien, sûr, la filière amont. Or, celle-ci se trouve actuellement en grande difficulté et, sans elle, la reprise sera durablement mise à mal. L’état de ce secteur est aujourd’hui suffisamment complexe pour que nous lancions un cri d’alerte.
Quel a été l’impact de la crise sur le secteur ?
Grâce au travail mené avec Food Service Vision, nous savons que, depuis le 15 mars dernier, les entreprises ont perdu entre 50 % et 100 % de leur chiffre d’affaires. En raison de leurs caractéristiques, notamment en matière de conditionnement, les produits destinés aux professionnels n’ont pas pu être transférés dans l’univers de la GMS. De plus, le Covid-19 étant une crise mondiale, les reports sur l’export n’ont pas été possibles. Le food service représente 30 % de l’activité des entreprises alimentaires, il leur est donc indispensable. Selon une étude ANIA, 90 % des entreprises ont ainsi mis en avant une baisse significative de CA, dont 89 % de TPE, 91 % de PME, 88 % d’ETI et 82 % de grands groupes. Deux tiers des entreprises sont concernés par une baisse de plus de 50 % de leur CA. A fin avril, le marché de la consommation hors domicile avait enregistré une perte de 8,8 milliards d’euros de CA, soit 682 millions de repas perdus et 1,1 milliard d’euros de manque à gagner, notamment pour les fournisseurs. Le CA a baissé de 88 % en restauration commerciale et de 56 % en restauration collective.
Que demandez-vous aux pouvoirs publics ?
Notre prochain défi sera de faire face au manque à gagner de la saison touristique 2020. Toujours avec Food Service Vision, nous avons estimé que la perte potentielle devrait être de 4,4 milliards d’euros de CA en restauration. Tout cela met en péril la survie des entreprises en amont, déjà grandement fragilisées. La filière n’a été prise en compte lors des mesures de soutien annoncées le 14 mai dernier par le Gouvernement. Souhaitant éviter « l’effet domino », nous nous sommes rapprochés de Bercy et des pouvoirs publics pour l’intégrer pleinement dans le projet, dont les deux gros leviers sont le maintien du chômage partiel et la suspension des charges. La reprise pérenne de la restauration est essentielle pour son image, pour le tourisme, pour l’agriculture. Or, elle ne se fera pas sans l’accompagnement de tous les acteurs.