Après 4 ans de travail et la publication en 2017 d’un rapport intitulé « Nutrition et systèmes alimentaires » par l’un de ses groupes d’experts, le Comité des Nations Unies sur la sécurité alimentaire mondiale (CSA) a donné le 18 octobre 2018 les lignes directrices des 2 ans de négociations internationales à venir pour l’élaboration d’un système alimentaire durable. Le Fonds français pour l’alimentation et la santé (FFAS) a défini les enjeux et les étapes de ces discussions qui se dérouleront jusqu’en 2020 lors d’une conférence le 23 novembre 2018.
Deux constats ont d’abord été exposés. Le premier est l’enjeu planétaire que constitue l’élaboration d’un système alimentaire plus sain et plus respectueux de la planète. Aujourd’hui, 1 personne sur 3 dans le monde est malnutrie. En Europe par exemple, le nombre de personnes en surpoids ou obèses dépassera bientôt celui des citoyens ayant un poids normal. Le second constat concerne la méthode de travail qui a été fixée. Chaque pays est invité à travailler avec tous les acteurs (publics, privés, ONG…) afin de réformer aussi bien la chaîne de production que l’environnement alimentaire et les comportements des consommateurs.
La conférence du FFAS a permis de dessiner à grands traits les futures lignes directrices de ce système. Celles-ci ne devront pas former un catalogue d’interdits et de normes contraignantes, ni entrer en conflit avec les traditions alimentaires de chaque culture. « Les lignes directrices auront une dimension mondiale mais elles devront pouvoir se décliner à des échelles nationales, voire locales » a déclaré Patrick Caron, président du Comité directeur du Groupe d’experts de haut niveau du CSA. Les différentes normes issues de ces deux ans de négociations auront également pour obligation d’assurer un revenu correct aux agriculteurs, de tenir compte des valeurs des nouvelles et anciennes générations et d’agir autant sur l’offre que sur la demande alimentaire.
Les initiatives en la matière ne manquent d’ailleurs pas, comme la taxe sur les boissons sucrées et les aliments très caloriques qu’a imposée le Mexique, pays qui compte 73 % de personnes en surpoids. Reste encore à répertorier ces mesures et à analyser leurs résultats « pour favoriser l’élaboration de lignes directrices efficaces », a noté Daniel Nairaud, directeur général du FFAS.
« La France qui présidera le G7 à partir de janvier a bien l’intention de mettre les questions de sécurité alimentaire à l’agenda », a déclaré Céline Place, du ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères. Par ailleurs, Daniel Nairaud a annoncé la mise en place d’ici 18 mois de la plateforme numérique « NuAlim ». « Cette gigantesque base de données qui établira la carte d’identité des aliments et qui contiendra des informations sur les modes de production et de consommation nous permettra de mener des recherches pour connaître nos besoins réels et se nourrir en conséquence », a déclaré le directeur général du FFAS.
Le rendez-vous est pris pour 2020.
29 novembre 2018