En présence de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, Sodexo, Accor, Korian et The Adecco Group ont récemment signé un partenariat pour la création d’un CFA commun. L’occasion d’en présenter les modalités et les objectifs.
Par Anthony Denay
Le 4 mars dernier, les entreprises Sodexo, Accor, The Adecco Group et Korian se sont réunies au sein de l’auditorium de la tour Sequana, imposant bloc de verre acquis par le groupe Accor en octobre dernier à Issy-les-Moulineaux. Le prétexte de ce rendez-vous professionnel de l’hôtellerie-restauration, d’aide à la personne et du recrutement ? La conclusion d’un accord prévoyant la création d’un Centre de formation d’apprentis (CFA) commun aux groupes précédemment cités, permettant une transversalité des compétences, ainsi que la mise en place des premières formations à partir de 2020. Une ambition qui découle directement d’un projet de loi adopté par l’Assemblée nationale et publié au Journal officiel début septembre 2018. Son nom : « Liberté du choix de son avenir professionnel ».
Pénurie de compétences
La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, était présente dans l’auditorium, accompagnée de son directeur de cabinet, Antoine Foucher, très impliqué dans l’élaboration puis la défense du texte de loi. La ministre a introduit la séance, mettant en exergue la « pénurie de compétences » ainsi que les difficultés à « recruter du personnel qualifié », notamment dans les secteurs de l’hôtellerie-restauration. « En France, nous avons 1,3 million de jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en formation », a-t-elle martelé. « Même si le taux de chômage est passé sous la barre des 20 %, il reste haut, à 18,8 % au 4e trimestre 2018. La formation par l’apprentissage doit être valorisée afin de créer une adéquation entre les demandes des entreprises et les offres de compétences de jeunes mieux formés. » La ministre a souligné que les secteurs de l’hôtellerie-restauration pâtissaient parfois d’un manque de visibilité sur l’étendue des métiers s’y référant. Outre la formation initiale des jeunes, l’objectif de ce partenariat est aussi d’actionner les manivelles de l’ascenseur social au sein de l’entreprise, en ouvrant les CFA à la formation continue des salariés. « Avec la révolution numérique et la transition écologique, beaucoup d’emplois vont disparaître tandis que d’autres vont voir le jour », a poursuivi Muriel Pénicaud. « Avec ces mutations profondes, il est essentiel que les employés puissent évoluer dans leurs compétences. »
Écart entre l’offre et la demande
Son directeur de cabinet, Antoine Foucher, a explicité les modalités techniques de création de ces CFA : « Les entreprises n’auront plus besoin d’obtenir une autorisation administrative régionale, comme c’était le cas jusqu’alors. Une certification leur sera décernée a posteriori, afin que l’État maintienne tout de même un droit de regard sur ce qui est entrepris en matière de formation de ces jeunes. » Il a aussi souligné la capacité laissée aux acteurs économiques, c’est-à-dire les entreprises, d’agir. « La seule limite à l’apprentissage est la capacité d’absorption des entreprises. Sinon, toutes les barrières ont été levées ! »
Anna Notarianni (présidente Sodexo France), Rémi Boyer (DRH Korian), Sven Boinet (DG délégué Accor) et Frédérique Plasson (DG solutions emploi et formation The Adecco Group) ont ensuite débattu au cours d’une table ronde où il a principalement été question de CFA. « Le premier enjeu pour Sodexo est de faire en sorte que les métiers de la restauration soient connus et reconnus, car ils permettent de maintenir du lien social », a affirmé Anna Notarianni. « Nous observons un écart important entre l’offre et la demande des entreprises. La loi Avenir professionnel était l’occasion d’agir sur l’ajustement des compétences. En plus des acquis techniques, il y a aussi une posture à adopter, une manière d’être et de se comporter en entreprise, ce que l’on appelle les soft skills. Notre CFA travaillera sur cet aspect. Enfin, par la VAE et la formation continue, nous voulons démontrer que l’ascenseur social fonctionne toujours chez Sodexo. » Selon le ministère du Travail, 8 CFA seraient prêts à être lancés, tandis qu’une dizaine serait encore en projet.
La parole à… François Rebeix, DRH France de Sodexo
« À plusieurs, nous sommes plus forts ! C’est pour cette raison que Sodexo a pris la décision de s’associer à d’autres grands groupes pour créer ce CFA commun. Nos trois valeurs sont l’esprit de service, l’esprit d’équipe et l’esprit de progrès. Grâce à ce CFA, nous allons rendre concrètes ces valeurs. De plus, nous souhaitons allier le potentiel de nos collaborateurs, à savoir les personnes déjà intégrées à Sodexo, à celui de nouveaux profils. La VAE et la formation continue permettront à nos employés de continuer de se former pour évoluer au sein de l’entreprise. Les nouveaux arrivants apporteront leur fraîcheur et leur vécu. Chez Sodexo, au-delà des compétences, ce sont des profils et des compétences qui sont recherchés. »