Si l’on en croit les responsables de restauration scolaire, le mouvement de modernisation nutritionnelle, initié par les normes du GPEMDA, puis renforcé par la circulaire de juin 2001, a été massif. La plupart des cuisines de restauration municipale avaient même anticipé le texte de 2001. Après l’hygiène et la sécurité, la diététique devient une pratique intégrée à cette forme de restauration.
Est-ce la progression systématique de l’obésité infantile qui a sensibilisé les responsables de la restauration scolaire ? Sûrement, car le pays de l’équilibre alimentaire est en train de justifier de moins en moins sa notoriété. La pratique du grignotage et la consommation croissante de biscuiterie-confiserie par les enfants et les adolescents ne semblent pas avoir été endiguées par le renforcement des règles diététiques de l’alimentation scolaire. On assiste à un décalage de plus en plus grand entre le pays «légal», celui de l’alimentation encadrée par les règles diététiques, et le pays réel dominé par la négligence alimentaire. Ce n’est pas un hasard si, dans nos enquêtes précédentes, les parents accordent à la restauration scolaire une place de plus en plus importante à l’école pour l’éducation alimentaire. Cela signifie que la famille a démissionné de cette responsabilité.
De la même façon que l’éducation au civisme n’est plus l’apanage des familles, celle des règles du bien manger a déserté la cellule familiale.
La réussite de l’intégration des normes alimentaires par les enfants et les adolescents passe maintenant par les familles, les institutions collectives ayant largement rempli leur mission. Ces dernières n’ont plus comme ressources d’accentuer leur effort d’information et de sensibilisation auprès des familles. Vaste sujet de société. L’école n’a pas encore reçu officiellement cette mission ni n’a les moyens de la réaliser. Mais force est de constater qu’elle est la seule institution qui a la volonté affirmée de faire triompher ces normes clés à la bonne santé des futurs adultes.
Le futur pour la restauration scolaire sera donc de renforcer son contact avec les familles pour les sensibiliser à un équilibre alimentaire global, et au coût que cela représente.