Comprendre la façon dont les individus se nourrissent, c’est une façon de comprendre le monde tel qu’il était, est et sera. Lors du 7e colloque annuel de la Chaire Unesco-Alimentations du monde il y a quelques mois, historiens, sociologues, géographes, nutritionnistes, anthropologues, linguistes, acteurs de la sphère privée, publique ou associative ont fait un tour d’horizon de la question : « Aliments voyageurs : comment les aliments voyagent-ils à travers le temps et l’espace et quelles sont
les pratiques culturelles et culinaires associées ? ».
Bien-être d’un côté, diabolisation et malbouffe de l’autre… Une dualité rappelée par Patrick Caron, directeur général délégué à la recherche et à la stratégie du Cirad, et président du groupe d’experts de haut niveau de la FAI sur la sécurité alimentaire et la nutrition (HLPE, high level panel of experts), qui a expliqué que « manger est un acte politique ». D’autre part, c’est par le biais des hommes et de leurs migrations que les aliments voyagent, créant découvertes et diversité. Kamal Mouzawak, propriétaire d’un restaurant à Beyrouth où cuisinent des femmes venues de Palestine et de Syrie, a créé le premier marché bio paysan Souk El Tayeb en 2004 à Beyrouth, le projet de formation « Capacity Building Program » destiné aux agriculteurs et gère l’association Make food not war. Comme le souligne cet activiste culinaire, « le Liban est un pays de mixité, de différence et de