Dans leur alimentation quotidienne, les enfants et les adolescents doivent composer avec des normes parfois contradictoires : santé vs hédonisme, autocontrôle vs sociabilité, nutrition vs habitudes familiales. Cette complexité est renforcée par les représentations de la santé et du corps chez les jeunes via leur alimentation.
L’enfance et l’alimentation sont de plus en plus au cœur des inquiétudes sociales contemporaines et constituent l’objet d’une production de discours moraux visant à définir de manière très normative des principes de bonne conduite. Une étude sur la « La consommation enfantine d’aliments ludiques entre plaisir, risque et éducation » (2006-2009) – conduite en collaboration avec l’Université de Paris 13, de Poitiers, de Toulouse, de Tours et de
Dijon et coordonnée par Inès de La Ville – a mis en tension ces logiques contradictoires qui construisent socialement l’enfance. La recherche a montré que les petits sont actifs dans leurs manières de s’approprier, contourner et composer avec les normes plurielles relatives à l’alimentation édictées par différentes instances (parentale, scolaires, médicales, médiatiques). Les arbitrages autour de la nourriture constituent pour les enfants une manière de développer des compétences relationnelles, corporelles, langagières : les usages alimentaires nous ont permis de relire les rapports d’âge, de genre, les relations parents-enfants, les parcours d’autonomisation et de gouvernement de soi. En