Pierre Carpentier, avec près de quarante ans de cuisine, jette un regard de philosophe sur le métier et l’évolution des maisons gastronomiques familiales. Son épouse et lui se sont connus à l’école hôtelière de Grenoble, d’où ils sont sortis en 1962. Ils ont investi toute leur énergie, leur temps et leurs économies dans leur Auberge de Chavannes, sans penser qu’ils la transmettront à leurs enfants. Ceux-ci ont choisi une autre facette de la profession, à Paris et à Londres, dans des secteurs plus porteurs.
Pierre a eu un début de carrière brillant, et s’est retrouvé chef assez jeune, à 24 ans, ce qui était assez rare à l’époque. C’était en Suisse, à l’hôtel du Lac, à Coppet. Il avait auparavant acquis une solide formation en travaillant plusieurs années à la Mère Guy de Roger Roucoux (2 étoiles). « Je n’étais en fait pas préparé à la place de chef, devant en plus diriger des cuisiniers plus âgés et plus expérimentés que moi. Ce fut assez dur, mais j’appris la fonction sur le tas en la pratiquant », se souvient-il. Après trois ans en Suisse, il passe une année dans la Drôme, toujours comme chef. Mais à part la connaissance de la truffe fraîche, « que l’on ne connaissait qu’en boîte à l’époque », il n’en garde pas un souvenir impérissable. Il n’avait que 28 ans lorsque son épouse apprend que l’Auberge de Chavannes, proche de Lons-le-Saulnier, région